Appel à communication

Écosystèmes d’informations

XXIVèmes Journées pour l’Histoire du Management et des Organisations

27, 28 et 29 mars 2019 à Nice

Organisées par l’AHMO (Association pour l’Histoire du Management et des Organisations) et l’Université Côte d’Azur - EDHEC Business School, GREDEG (UMR 7321) et MSHS Sud-Est (USR 3566)

La version PDF de l’appel à communication peut être téléchargée ici.


« Like pipes in a wall crucial to having running water in a home, the informational infrastructure was nearly invisible. Use of information proved so routine, indeed mundane, that like using a faucet or bathroom fixtures, people did not think about it, because it was always present. It is information’s pervasive, embedded nature that perhaps accounts for why we […] have not paid much attention to it. But now we should, because as happens, once a phenomenon is named or is made obvious, it becomes easier to optimize its use. » (Cortada, 2016)

Dans son ouvrage sur l’histoire de l’information aux États-Unis, James W. Cortada souligne la nécessité de comprendre l’évolution et les caractéristiques des « écosystèmes d’information » qu’il définit comme éléments facilitateurs de trois activités dans nos sociétés contemporaines : identifier ce qui nécessite d’être compris, savoir dans quelle mesure cette compréhension doit être développée et déterminer comment notre compréhension peut être utilisée pour éclairer des décisions incertaines (Cortada, 2016).

Depuis la Seconde Guerre mondiale, les quantités d’information mémorisées et traitées dans les organisations augmentent de manière exponentielle, plaçant la connaissance au cœur des nouvelles compétences des acteurs en faisant place à ces nouveaux travailleurs dits « de la connaissance » dans des structures d’entreprises de plus en plus horizontales (cf. à ce propos les travaux pionniers de M. Aoki sur les structures informationnelles des firmes japonaises versus américaines dans les années 1980 - Aoki, 1986). En partant du constat que chaque firme et chaque industrie ont des besoins en connaissances qui leur sont propres, les travaux des années 1970 en théorie des organisations et en stratégie marquent la naissance de l’information comme quatrième facteur de production. Dans les années 1980, on assiste à une « révolution » de l’information qui bouscule les structures industrielles en modifiant les règles historiques de la concurrence, produisant de nouvelles formes d’avantages concurrentiels pour les entreprises (Porter & Millar, 1985).

Qu’elle soit comptable, financière, relative au personnel, aux prix, à la logistique ou aux clients, l’usage de l’information dans les organisations a significativement évolué en se démultipliant au rythme de l’informatisation qui a permis aux acteurs de mieux la stocker, la traiter et la partager pour éclairer des décisions stratégiques (l’usage de l’information dans la prise de décisions était une question déjà traitée plus tôt dans Simon, 1960). Ces changements s’accompagnent naturellement de nouveaux enjeux scientifiques, tant pour asseoir la professionnalisation croissante des managers comme preneurs de décision que pour développer des nouvelles sciences/ approches de l’information et la connaissance.

Nous souhaitons que les prochaines Journées pour l’Histoire du Management et des Organisations apportent une réflexion historique à la compréhension de l’usage de ces différentes formes d’information dans les organisations. En particulier, des réflexions portant sur les thématiques suivantes seront particulièrement bienvenues :

  • L’évolution de l’utilisation de l’information dans les organisations : Si l’information comptable dans les bureaux a sans doute été le premier langage pour les organisations, d’autres traces (financières, relatives au personnel, aux prix, à la logistique ou aux clients) se sont avérées utiles à conserver pour mieux orienter les décisions et les positionnements stratégiques des organisations. Quelles ont été ces évolutions ? Pour quelles informations ? et dans quel but ?
  • L’histoire des savoirs et de la diffusion des connaissances scientifiques en sciences de gestion : l’accroissement de l’information dans les organisations s’est accompagné d’une professionnalisation du métier de manager, créant dans le même temps le besoin de formaliser et de transmettre son savoir. On assiste à la nécessité de diffuser des savoirs (comme informations scientifiques) en comptabilité (Lamendour & Lemarchand, 2015) , finance (Hautcoeur & Riva, 2012), marketing (Cochoy, 1999), gestion des ressources humaines (Collings & Wood, 2009), logistique (Van Creveld, 1977) ou stratégie (Cailluet, 2008). Quelles formes ont pris ces diffusions ? Pour quels savoirs ? Dans quels contextes institutionnels ?
  • La prise en compte de l’information comme actif immatériel dans les organisations : étant donné le caractère immatériel de l’information et encore davantage de la connaissance tacite, les difficultés de transformer cet actif en création de valeur se sont longtemps posées. Aujourd’hui, la question de re-matérialiser ou de rendre plus visibles ces infrastructures informationnelles suscite de nouvelles interrogations et de nouvelles voies de recherche au sein d’approches plus sociologiques portant sur la matérialité des processus organisationnels. Des questions de sécurité d’Internet et de standardisation méritent également d’être discutées (Murphy & Yates, 2009).
  • La transformation digitale et les nouvelles valeurs de l’information: Ce que certains qualifient de quatrième révolution industrielle se matérialise par une accélération technologique sans précédent notamment fondée sur l’intelligence artificielle, la réalité virtuelle et l’Internet des objets. Les conséquences de ces avancées technologiques, au-delà d’être encore très incertaines sur le progrès social et humain qu’elles vont permettre, placent l’utilisateur au centre du processus d’innovation, attribuant une valeur à ses données personnelles et bousculant ainsi les modèles économiques traditionnels. Dans quelle mesure ces transformations actuelles s’inscrivent-elles dans une histoire plus longue de l’histoire de l’informatique voire des management des systèmes d’information (Bounfour, 2010) ?

Cette liste est non-exhaustive et compte-tenu la thématique, des communications pluridisciplinaires - entre sous-disciplines de la gestion ou avec d’autres sciences (informatique, droit, sociologie, , économie, psychologie, etc.) - seront particulièrement bienvenues.

Atelier doctoral

Les Journées d’Histoire débuteront par un atelier doctoral organisé le 27 mars à l’EDHEC Business School. Les doctorants souhaitant présenter leurs recherches à l’occasion de cet atelier devront fournir un document d’une dizaine de pages maximum spécifiant leur champ de recherche (thème, questions de recherche), le cadre théorique ou l’articulation théorique de la thèse, leur démarche méthodologique, les premiers résultats (le cas échéant), leurs principales références bibliographiques.

Les doctorants en début de thèse ou incluant une dimension historique plus mineure à une thèse en gestion sont encouragés à participer.

Comité scientifique

  • Lise Arena, Université Côte d’Azur
  • Régis Boulat, Université de Haute-Alsace
  • Ludovic Cailluet, EDHEC Business School
  • Muriel Dalpont-Legrand, Université Côte d’Azur
  • Mathieu Floquet, Université de Lorraine
  • Patrick Fridenson, EHESS
  • Gérald Gaglio, Université Côte d’Azur
  • Eric Godelier, Ecole Polytechnique
  • Hélène Gorge, Université Lille 2-Skema Business School
  • Nicolas Guilhot, Université Lyon 3, IFROSS
  • Pierre Labardin, Université Paris-Dauphine
  • Eve Lamendour, Université de La Rochelle
  • Cheryl McWatters, University of Ottawa
  • Nathalie Oriol, Université Côte d’Azur
  • Paulette Robic, Université de Nantes
  • Béatrice Touchelay, Université Lille
  • Philippe Véry, EDHEC Business School
  • Elisabeth Walliser, Université Côte d’Azur

Comité d’organisation

  • Lise Arena, Université Côte d’Azur
  • Ludovic Cailluet, EDHEC Business School
  • Savéria Cecchi, Université Côte d’Azur
  • Nathalie Oriol, Université Côte d’Azur
  • Philippe Véry, EDHEC Business School

Conférence inaugurale

Adressée par le Professeur J.W. Cortada, Directeur de Recherche en Histoire des Entreprises à l’Université du Minnesota. Cadre supérieur chez IBM pendant près de 40 ans, il est l’auteur d’une série d’ouvrages en Management des Technologies de l’Information et en Histoire des Entreprises – par exemple All the Facts: A History of Information in the United States Since 1870 (2016) et IBM: The Rise and Fall and Reinvention of a Global Icon (2019).

Dates à retenir

  • Date limite de soumission des propositions de communication (3000 mots – les textes complets sont également acceptés) : (14 décembre 2018) 7 janvier 2019
  • Décision du comité de lecture : 25 janvier 2019
  • Version définitive des textes (30.000 à 50.000 signes) : 22 février 2019

Proposition de communication

Chaque proposition de communication fera l’objet d’une double lecture anonyme. Les textes acceptés figureront sur le site internet du colloque sauf avis contraire.

Comme lors des éditions précédentes, des propositions de communications ne s’inscrivant pas dans cette thématique mais examinant des problématiques intégrant une dimension historique, seront également les bienvenues.

Les propositions de communications doivent faire apparaître :

  • une problématique ;
  • un terrain/ des sources ou un corpus

Les propositions devront être envoyées en français ou anglais accompagnées d’un résumé́ en français et anglais à l’adresse suivante : jhmo2019@gmail.com

Références

  • Cortada J.W. (2016). All the Facts – A History of Information in the United-States since 1870, Oxford University Press.
  • Aoki M. (1986). « Horizontal versus Vertical Information Structure of the Firm », American Economic Review, Vol. 76, N°5, pp. 971–983.
  • Porter M.E. & Millar V.E. (1985). « How Information Gives You Competitive Advantage », Harvard Business Review, Vol. 63 N°4, pp. 149–160.
  • Simon H. A. (1960). The New Science of Management Decision, Harper & Row.
  • Lamendour E. & Lemarchand Y. (2015). « La magie du chiffre », Entreprises et Histoire, N°79.
  • Hautcoeur P.-C. & Riva A. (2012). « The Paris Financial Market in the Nineteenth Century : Complementarities and competition in microstructures », Economic History Review, Vol. 65, N°4, pp. 1326–1353.
  • Cochoy F. (1999). Une histoire du marketing – discipliner l’économie de marché, Éditions La Découverte.
  • Collings D.G. & Wood G. (2009). Human Resource Management : A Critical Approach, Routledge : London.
  • Van Creveld M. (1977). Supplying War – Logistics from Wallenstein to Patton, Cambridge University Press.
  • Cailluet L. (2008). « La fabrique de la stratégie : Regards croisés sur la France et les États-Unis », Revue Française de Gestion, pp. 143–159.
  • Murphy C.N. & Yates J. (2009). The International Organization for Standardization (ISO): Global Governance through Voluntary Consensus, Routledge.
  • Bounfour A. (coord.) (2010). « De l’informatique aux systèmes d’information dans les entreprises », Entreprises et Histoire, N°60.
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